Le Mariage Kabyle : Autrefois, quand un jeune homme désirait épouser une jeune fille, la mère de ce dernier rendait visite à un marabout, afin que celui-ci lui prépare une amulette.
Le jeune homme emportait alors avec lui l'amulette en question et se présentait avec devant la famille de la jeune fille pour demander sa main. Il était bien difficile pour le père de lui refuser dans une telle situation la main de sa fille.
Une autre tradition a disparu de nos jours. Elle consistait à sacrifier un mouton ou un bouc sur le seuil de la porte de la jeune fille. Le jeune homme qui souhaitait épouser une jeune fille devait réussir cette tâche sans être surpris par un membre de la famille de la jeune fille c'ets à dire ni le père, ni la mère, ni même les frères et soeurs. Si le jeune homme s'enquérissait de l'exploit, les parents de la jeunes fille se devaient alors d'accepter de donner leur fille en mariage.
Il est encore de coutume, de nos jours et depuis des temsp reculés de célébrer le mariage à la fin de l'été, avant le commencement de la période des labours "iwejjiben".
La saison de "iwejjiben" est ce qu'on appelle "une porte de l'année" dans le calendrier amazigh. Les cérémonies de mariages ont encore lieu de nos jours à la fin de l'été et jusqu'à la fin de la saison des figues.
Cette tradition transmise par nos ancêtres se rapporte à la terre et le respect que l'Homme doit lui gratifier.
Jadis, nos ancêtres croyaient, que la majeur partie de l'année devait être consacrée à la terre et à sa fécondation.
Ainsi, durant ces périodes là, l'homme ne devait en aucun cas se marier ou devait se défendre de se reproduire ( par exemple, la période de Aheggan durant laquelle on dit que "les arbres se marient" ). Enfin, une fois que les parents de la fille avaient accepté de donner leur fille en mariage, la famille du mari se devait d'apporter des présents à leur brue à chaque fois qu'ils lui rendaient visite.
Les préparatifs du mariage
Chez les parents de la mariée
Quelques jours avant le mariage, il y aura lieu chez les parents de la mariée ce qu'on appelle "le dîner de taamamt" ou tout simplement "taamamt". Ce que les parents de la mariée devront dépenser pour ce dîner la, sera payer en fait par la famille du mari. Ces derniers amèneront avec eux chez les parents de la fille, des témoins. Une fois que tout le monde est assit, les parents du garçon déposeront par terre de l'argent. Le père de la mariée - si c'est un homme de principe - ne ramassera qu'une toute petite somme, pour porter chance. C'est ce qu'on appelle "tucc'it". La somme d'argent qui restera par terre, sera retournée à la famille du mari. Ensuite les parents de la fille recevront "curut". C'est ce qu'ils prépareront en guise de repas pour les ceux et celles qui feront parti du cortège de la mariée "iqfafen". "Curut" contient : 1 quantal de semoule, une cuisse de bouf, 20 litres de blé, de l'huile d'olive et du beurre. Ceci peu différer d'une région à une autre en Kabylie.
Chez les parents du mari
Il y a encore de nos jours, dans certains villages kabyles, la vieille tradition du triage de blé. Quelques jours avant la fête du mariage, la mère du futur mari regroupera quelques femmes pour qu'elles trient le blé. C'est ce même blé trié, qui sera ensuite emporté a la maison de la mariée.
Rouler le couscous
Quand il ne reste que quelques jours avant le mariage, les deux familles réuniront chacune de leur côté les femmes de leur village pour rouler le couscous. Dans certains villages, ce ne sont que les femmes de la famille qui viendront rouler le couscous. Dans d'autres par contre, c'est une femme par maison. Ainsi le village en entier participera dans cette tâche. Ces femmes qui rouleront le couscous, seront assises côte à côte. Elles chanteront des poèmes jusqu'à ce que leur tâche soit terminée. Elles diront par exemple :
Tt?enni? ttwexire?
Tt?enni? ttwexire?
D argaz n laali i yu?e?
D argaz n laali i yu?e?
Yebbwi-yi sddaw iffer-is
Tamdint iyi-hwan h?ewse? ah !...
Uh a yim?aren
Ddaawa n lxir i ye?riben ah !...
Tt?enni? ttaz?e? ?er zdat
Tt?enni? ttaz?e? ?er zdat
Aqli deg wexxam n taddart
Aqli deg wexxam n taddart
Mreh?ba s lah?bab-nne?
Am yirgazen am lxalat
Uh a yim?aren
Ddaawa n lxir i ye?riben ah !...
C'est avec ce couscous que la famille du mari - de la mariée préparera le festin qui sera servi aux gens du village ainsi qu'aux invités.
Le jour du henni chez le mari
Si les parents du futur mari prévoient d'amener des chanteurs aux tambours, ces derniers arrivent d'habitude la veille du jour du henni. Ce jour-là, le matin de bonheur, on égorgera un bouf. La mère du mari demandera à quelques parentes du futur mari, de former un cortège et d'aller chez la mariée pour donner à sa famille une partie du bouf gorgée ce matin-là, ainsi que « tisnitt » de vêtements pour la mariée.
Le jour du henni chez la mariée
Le jour du henni, la mariée doit se laver. Mais pas n'importe comment ! On allumera une chandelle en guise de porte bonheur. Afin que la mariée et son futur mari puissent avoir des enfants ensemble. La mariée se lavera dans « takanna » ou « taarict » - une espèce de deuxième étage dans la vieille maison kabyle « tazeqqa ». Elle se tiendra debout dans un grand plat de poterie - le plat dans lequel d'habitude on roule le couscous -. Dans ce plat, on y versera de l'eau froide, des oufs et des orties. L'eau c'est pour qu'elle se lave avec. Les orties ne sont pas la pour piquer la mariée mais bien pour symboliser l'éveil. Afin que la mariée dans sa vie de couple soit toujours plus éveillée que son mari. La jeune mariée se lavera avec du thym. Elle doit laver d'abord le coté droit de son corps ensuite, le coté gauche. Une fois qu'elle s'est lave, on cuira les oufs qu'on donnera au mari. Quand à l'eau qu'elle a utilise pour se laver, les femmes en garderont une partie. Le jour du mariage - le deuxième jour -, à la tombe de la nuit, chez les parents du mari, les femmes ajouteront l'eau à la sauce du couscous qui sera servi au mari.
Le jour du henni, au soir, un des hommes de la familles, ira à « tajmayaait » le lieu où se réunit d'habitude le conseil du village, pour appeler les villageois à venir manger le couscous du mariage. C'est ce qu'on appelle « asecci n taddart ». L'homme en question répétera trois fois : « Nnejmaat-ed ad trebh'em » « Amaana ur ttaat'ilet ara ». La famille du mari fera de même pour inviter les gens de leur village à partager avec eux le couscous du mariage.
La cérémonie du henni
Une fois le repas terminé, la famille se préparera pour le reste de la soirée. On pratique encore dans certains villages kabyles une vieille tradition. Celle-ci consiste a regrouper un certains nombres de femmes qui se tiendront debout, les une aux autres en formant un cercle. Elles commenceront alors à chanter. C'est ce qu'on appelle « asbugher ». Une ou deux d'entre elles chanteront des poèmes pour célébrer cette occasion. Les autres répéteront après elles. Dans leurs poèmes, elles citeront les qualités de la mariée - du mari - et de sa famille. Des qu'elles auront fini de chanter, les invités se lèveront pour chanter et danser.
La soirée continuera ainsi, jusqu'au moment où on s'apprêtera à célébrer la cérémonie du henni. On déposera avec le henni, un objet en argent. Généralement un bijou Amazigh. Dans certains villages on y ajoutera trois dattes, trois oufs et sept grains de blé. On étendra un foulard kabyle « timehremt » ou « amendil » sur lequel on déposera le plat dans lequel se trouve le henni.
Autrefois, cette cérémonie ne se déroulait pas sans un bougeoir. Celui ci symbolise la lumière dans laquelle on souhaite aux jeunes mariée de passer le restant de leur existence ensemble et afin qu'ils puissent former une famille. Cette cérémonie est ce qu'on appelle « tawsa ».
Chez la mariée, se sont les femmes uniquement qui seront la pour la cérémonie. Pendant toute la durée de ce rituel, les voix des femmes s'élèveront en chantant des poèmes anciens. Elles diront par exemple :
Awid afus-im
Am neqqen lh?enni
Kemmini a tislit
Rebbi akem-ihenni
Awid afus-im
Wa d afus wa d lh?enni
Bbru-d i tqendurt
D timdehebt n lekwmam
Kemmini a tislit
Yedda-d rrbeh? di twenza-m
Chez le futur mari, il y a ce qu'on appelle « aznuzu n lhenni » - la vente du henni -. Les hommes présents à la cérémonie, se mettront à réciter des poèmes. Le gagnant, achètera le henni (façon de parler).
Des que cette cérémonie est terminée, les membres de la familles se lèveront pour partager « tacullit » entre les gens du village. Ceci contient « lexfaf » - « lesfenj », aheddur.etc. Ce n'est qu'après le partage de « tacullit » que les chants et les danses reprendront.
Autrefois, on ne chantait pas dans la famille de la mariée, à cause de la tristesse que ressent la famille de voir leur fille quitter la maison paternelle.
Le jour du mariage
C'est le deuxième jour. Le jour durant lequel la mariée rejoindra sa nouvelle famille. Ce jour la, chez la famille du futur mari, les personnes qui feront partie du cortège, on les appelle « iqfafen », se prépareront pour aller chez la famille de la mariée.
Autrefois, on ramenait la mariée sur un âne ou un mulet. Si son village n'est pas loin de celui de son mari, c'est un homme de la famille de son mari qui se chargera de la transporter jusqu'à sa nouvelle demeure.
Lorsque le cortège atteindra la maison de la mariée, une parente du marié ira aider la mariée à se préparer. Cette femme ne doit pas avoir eu son premier enfant le mois du mariage. Cela risque de porter malheur a toutes les deux car « elles connaissent toutes les deux un évènement heureux le mariage et la naissance - le même mois ».
Cette parente du mari ira voir la mariée pour commencer le rituel de « asberber » - habiller la mariée - Jadis, la future mariée portait le jour de leur mariage « timleheft ». Celle ci a évolué pour être remplacée par « taksiwt ». Elle portera aussi sur sa tête « tabniqt ». La femme déposera sur le visage de la fille un foulard kabyle « amendil » ou « timehremt », afin de cacher son visage. Il se trouve qu'à partir du moment où la jeune fille sort de la maison familiale, personne ne doit voir le visage - les yeux - de la jeune mariée avant son mari. Si non celui ou celle qui cherchera à la voir - en dehors de sa famille bien sur - tombera malade et risque même de mourir.
La parente du mari, ajoutera un tissu blanc qu'elle déposera sur les côtés du visage de la mariée. Elle mettra aussi sur sa tête une belle ceinture « agus n lehrir » - « akwerzi » -.
La mariée aura auparavant mis dans sa bouche un petit bout d'écorce d'un arbre appelé « agusim » - « ljuz ». Cet arbre est appelé « tagusimt ». L'écorce est utilisée par les femmes comme produit de beauté et pour blanchir les dents.
Les bijoux en argent
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La mariée portera ses bijoux : les bracelets « imecluxen » dans les mains, « ixelxalen » aux pieds - ils ressembles aux bracelets - et des broches « ibrac » sur la poitrine.
« Ixelxalen » seront portés sur d'autres bijoux pour les pieds appelés « rdif ». Ces derniers sont la pour protéger les jambes des femmes, car « ixelxalen » sont des bijoux très lourds et ils peuvent blesser la femme qui les porte aux niveau du talus - « tawetzit ».